www.emilienadage.fr


Géotrouvetout sous acide, par Elise GROGNET
Texte produit pour l'édition de Slicker #2, à l'occasion de Slick Art Fair, 2011




Je vois Emilien Adage comme un taxidermiste de l’électricité, un Docteur Frankestein du 230V : douilles, ampoules, néons, fils électriques, bref tout un rayon de Bricoman est susceptible de passer sur la table d’opération. « Propagation », « Dépouilles », « Mutation », « Spécimens », « OpérationS2 », « Néomphilie », le nom de ses œuvres parle lui aussi du vivant, de l’organique, d’une science un peu dégueulasse, aux cicatrices boursouflées et au liquide vert radioactif qui coule dans les veines. Il confectionne avec soin de petits monstres inoffensifs, il les dessine aussi puis les épingle au mur : papillons boiteux aux ailes lumineuses, soeurs siamoises électriques, tout un bestiaire déglingué et inutile fait le spectacle.
Alors je l’imagine comme un producteur un peu dérangé organisant des Freak Show explosifs. Adieu magazines de bricolages et conseils en tout genre, Emilien Adage est un bidouilleur de métier et se laisser facilement aller sur la pente de la bricole aveugle. Mangée à toutes les sauces, la notion d’ « expérimentation » se console enfin d’avoir retrouver son costume de premier degré et se découvre avec lui des ambitions de Géotrouvetout sous acide.
Je pense aussi à lui comme un magicien de pacotille, jouant des claques doigts pour un effet minimum. Des tours où le noir se fait parce que les néons se décrochent, ou les explosions ne sont pas contrôlées et ridiculement petites, ou l’assistante s’électrocuterait en plantant son talon dans une prise oubliée dans bazar que le foutraque maître des lieux aurait répandu sur la scène. Oui c’est ça, un spectacle où l’imprévu et le hasard auraient les rôles principaux, où Monsieur Loyal n’a aucune idée de comment tout cela va se terminer. Alors ça s’allume, ça pète, ça prend feu, ça claque, ça explose, ça fume, ça grille, ça chauffe, ça dégouline, ça pue, ça tombe et ça s’éteint…