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Galerie Showcase

Texte produit à l'occasion de l'exposition
'Bonne nouvelle, c'est ok pour la porte spatio-temporelle !'
Grenoble, 2017









Galerie Showcase a le plaisir d’accueillir Bonne nouvelle, c'est ok pour la porte spatio-temporelle !, une exposition de Émilien Adage.


Lorsqu'il évoque sa pratique, Émilien Adage prend l'image de la randonnée. En amateur, il repère un sentier, l'étudie et... s'en détourne. Si le chemin tracé est une base solide, ce n'est que pour ses possibles remises en question, ce que l'artiste qualifie d'« accidents » permettant de « considérer l'inattendu ». Son attention portée à la surprise ainsi que son goût pour les tentatives font office de guides et le mènent vers des terrains inconnus.
Ses Amorce, petites prises montées sans terre, laissent penser que les brancher provoqueraient un court-circuit, mais rien ne l'affirme jusqu'au test. Justement les tests compilés dans Vidéo #8 et Vidéo #11 montrent comment des expériences électriques hasardeuses mènent à des réactions incontrôlées à fort potentiel esthétique. Les M.E.R. 1 et M.E.R. 2, dispositifs d'éclairage intensif, sont quant à eux lancés à la recherche d'une hypothétique vie nocturne dans les alentours de Pont-Aven sans savoir exactement où braquer les projecteurs.


Habitué à fonctionner par expérimentations successives, Émilien Adage propose à Galerie Showcase une étape vers un nouvel espace de recherche.
Partant de ses diverses expériences électriques, il s'est mit à collectionner des manuels de bricolage. Dans l'un d'eux, son regard fut attiré par la dite « forme simple » composée de quatre sections tubulaires de même taille portant une cinquième section verticale plus importante. Celle-ci fut la base d'une exposition au centre d'art de Flaine en 2014 intitulée Au-dessous de la mer de nuages. Plusieurs formes simples furent installées à l’intérieur et à l’extérieur du centre d’art, dont une sur un lapiaz surmontant la station de ski.
De cette étape naquit un moule heptagonal servant à la production d'un socle en polyuréthane pour une installation pyrotechnique nommée La fête du lac. À Galerie Showcase, l'installation conserve la forme heptagonale et propose de mélanger deux matériaux habituels de l'artiste, d'une part la mousse polyuréthane et de l'autre, le bois. Celui-ci provient d'une installation de l'artiste Gilles Barbier construite en novembre 2016 à Aix-les-Bains pour l'exposition Solarium – Arrière-plan. Ce bois composait l’œuvre Porte spatio-temporelle (en panne), d'où provient le titre de la présente exposition. Émilien Adage a choisi de récupérer le bois de construction pour proposer une redéfinition de la porte dite en panne. Passant du monolithe à l'heptagone, coupant et recollant chaque trame de bois, il ré-ouvre ici un espace de recherche autour d’une notion qui l’accompagne : l’oasis.


Depuis plusieurs années, lors de ses randonnées, Émilien Adage s'attelle à photographier tous les éléments architecturaux isolés qu'il croise. Il capture ces ruines comme de véritables « respirations dans le vide ou la saturation d'un espace ». C'est pourquoi il les nomme « oasis », au sens de ce qui fait exception au milieu d'un terrain uniforme, comme peuvent l'être des stigmates de la présence humaine au sein d'un espace sauvage ou un court-circuit électrique provoqué sciemment.
Pour Bonne nouvelle, c'est ok pour la porte spatio-temporelle !, l'artiste propose une cartographie d'oasis laissée entrouverte par la prétendue remise en fonction de la porte de Gilles Barbier.
Une ouverture vers une dimension instable, bricolée, mais pour le moins séduisante, comme un palmier au milieu d'une mer de sable.